P. Gounaridis Les conditions politiques de la résistance aux Latins en 1204 La situation de l'empire, ses structures économiques et sociales, les différences régionales ainsi que l'opposition religieuse ont été avancées comme facteurs explicatifs du comportement des Byzantins face aux croisés en 1204. L'auteur se propose d'examiner les réactions des Byzantins en tant que comportement politique, même quand ce comportement exprime les intérêts économiques ou l'opposition spirituelle. Cet examen se fait sur deux plans:a) Sur le plan des rapports de domination - subordination. L'attitude de la population byzantine, dans une large mesure, était déterminée par l'effort d'échapper au pillage.b) Sur le plan du pouvoir politique.Toute résistance présupposait l'existence d'un pouvoir politique. Les pouvoirs politiques, créés à cette époque et calqués sur le modèle étatique byzantin, n'étaient pas la suite de l'abus d'autorité des hommes haut-placés dans la hiérarchie byzantine et n'avaient rien de commun avec les seigneuries occidentales. Ils étaient le garant de la position sociale et du prestige des membres de la couche dirigeante, les archontes, que le pouvoir constantinopolitain n'était plus à même de garantir. Les archontes avaient une part active à l'exercice du pouvoir et, en contre partie, ils apportaient leur soutien au détenteur du pouvoir. L'échec de ces pouvoirs à résister aux croisés a déterminé la collaboration des archontes avec les occupants Latins et, momentenement en Thrace et en Macédoine, avec le pouvoir bulgare. Une des solutions offertes aux archontes était de se réfugier aux pouvoirs politiques byzantins d'Asie Mineure et d'Epire mais leur intégration à la société des exilés n'allait pas sans difficultés. Par contre, l'intégration à la hiérarchie féodale latine, par un processus différent à celui de la subordination des villes, permettait aux archontes de garder leur statut économique et social ainsi que leur prestige, reconnaissant aux structures féodales un substitut du pouvoir politique traditionnel. C'est, peut être, ce qui explique la situation particulière des archontes byzantins dans la hiérarchie féodale, tandis que leur attachement à l'orthodoxie leur permettait de garder le contrôle de la vie sociale de la population grecque-orthodoxe et développer un réseau des rapports et des carrières, indépendants des structures féodales.
(EL)
P. Gounaridis Les conditions politiques de la résistance aux Latins en 1204 La situation de l'empire, ses structures économiques et sociales, les différences régionales ainsi que l'opposition religieuse ont été avancées comme facteurs explicatifs du comportement des Byzantins face aux croisés en 1204. L'auteur se propose d'examiner les réactions des Byzantins en tant que comportement politique, même quand ce comportement exprime les intérêts économiques ou l'opposition spirituelle. Cet examen se fait sur deux plans:a) Sur le plan des rapports de domination - subordination. L'attitude de la population byzantine, dans une large mesure, était déterminée par l'effort d'échapper au pillage.b) Sur le plan du pouvoir politique.Toute résistance présupposait l'existence d'un pouvoir politique. Les pouvoirs politiques, créés à cette époque et calqués sur le modèle étatique byzantin, n'étaient pas la suite de l'abus d'autorité des hommes haut-placés dans la hiérarchie byzantine et n'avaient rien de commun avec les seigneuries occidentales. Ils étaient le garant de la position sociale et du prestige des membres de la couche dirigeante, les archontes, que le pouvoir constantinopolitain n'était plus à même de garantir. Les archontes avaient une part active à l'exercice du pouvoir et, en contre partie, ils apportaient leur soutien au détenteur du pouvoir. L'échec de ces pouvoirs à résister aux croisés a déterminé la collaboration des archontes avec les occupants Latins et, momentenement en Thrace et en Macédoine, avec le pouvoir bulgare. Une des solutions offertes aux archontes était de se réfugier aux pouvoirs politiques byzantins d'Asie Mineure et d'Epire mais leur intégration à la société des exilés n'allait pas sans difficultés. Par contre, l'intégration à la hiérarchie féodale latine, par un processus différent à celui de la subordination des villes, permettait aux archontes de garder leur statut économique et social ainsi que leur prestige, reconnaissant aux structures féodales un substitut du pouvoir politique traditionnel. C'est, peut être, ce qui explique la situation particulière des archontes byzantins dans la hiérarchie féodale, tandis que leur attachement à l'orthodoxie leur permettait de garder le contrôle de la vie sociale de la population grecque-orthodoxe et développer un réseau des rapports et des carrières, indépendants des structures féodales.
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