Despina P. Papadopoulou, La presse périodique grecque à Paris, 1860-1912Cet article se propose de présenter un aspect de l'histoire culturelle dela première communauté grecque de Paris construite à partir de la secondemoitié du XIXe siècle. Afin de donner un aperçu global de lapresse périodique grecque publiée à Paris entre 1860 et 1912, l'articleavance l'hypothèse de deux phases relativement distinctes, comme l'ordrechronologique de parution va de pair avec l'unité thématique.La première période comprend les revues Εθνικόν Ημερολόγιον (1861-1871), Μύρια Όσα (1868-1869), Εθνική (Γραφική) Επιθεώρησις (1869-1870,1871-1872, 1875-1877), et la seconde, les publications Reçue grecque(1886?), L'Hellade (1894?) et L'Hellénisme (1904-1912). Les revues dupremier groupe déclarent haut et fort leur intention principale, «joindrel'utile à l'agréable», tandis que les publications qui paraissent après 1880sont plus orientées vers la politique. Deux revues médicales grecquesrepérées pendant la période étudiée, Γαληνός (1859-?) et Hippocrate (1898-1903), échappent à cette catégorisation bipartite, appartenant à une catégoriede presse spécialisée.A titre général, le souci de la diffusion des acquis scientifiques del'Occident constitue une priorité pour ces revues. Aussi, une place importanteest-elle accordée à la littérature et aux arts pour confirmerl'orientation encyclopédique, sous l'impulsion des Lumières, de cettepresse périodique grecque. De l'autre côté, les choix de certains deséditeurs d'intégrer des articles sur les us et coutumes grecs ou de collaboreravec des historiens tels C. Taparrigopoulos révèlent l'impact duromantisme politique allemand sur la conception de la nation, un impactremarqué aussi dans les oeuvres de divers écrivains grecs de l'époque.Outre le contexte grec, de multiples rapports sont établis entreces revues et l'environnement français. L'apparition même des revuesgrecques à Paris est favorisée par le développement spectaculaire de lapresse française durant le XIXe siècle. Par ailleurs, la tradition françaisedu philhellénisme a dû peser sur la décision des éditeurs grecs de fairepublier leurs revues à Paris. Parmi leurs collaborateurs figurent deshellénistes français apportant le prestige nécessaire aux publicationsgrecques qui visent à conquérir un grand public et à promouvoir lesintérêts de la Grèce en Europe. Les mêmes préoccupations politiquessont partagées par les représentants diplomatiques grecs à Paris qui sontimpliqués comme collaborateurs dans certaines de ces publications.Considérée dans son ensemble, la presse périodique grecque publiéeà Paris pendant la seconde moitié du XIXe et le début du XXe sièclereflète des influences croisées, grecques et françaises, au niveau du contenuainsi qu'à celui de la forme, et constitue un exemple historiqueintéressant du contact et de l'interaction entre les deux cultures.
(EL)
Despina P. Papadopoulou, La presse périodique grecque à Paris, 1860-1912Cet article se propose de présenter un aspect de l'histoire culturelle dela première communauté grecque de Paris construite à partir de la secondemoitié du XIXe siècle. Afin de donner un aperçu global de lapresse périodique grecque publiée à Paris entre 1860 et 1912, l'articleavance l'hypothèse de deux phases relativement distinctes, comme l'ordrechronologique de parution va de pair avec l'unité thématique.La première période comprend les revues Εθνικόν Ημερολόγιον (1861-1871), Μύρια Όσα (1868-1869), Εθνική (Γραφική) Επιθεώρησις (1869-1870,1871-1872, 1875-1877), et la seconde, les publications Reçue grecque(1886?), L'Hellade (1894?) et L'Hellénisme (1904-1912). Les revues dupremier groupe déclarent haut et fort leur intention principale, «joindrel'utile à l'agréable», tandis que les publications qui paraissent après 1880sont plus orientées vers la politique. Deux revues médicales grecquesrepérées pendant la période étudiée, Γαληνός (1859-?) et Hippocrate (1898-1903), échappent à cette catégorisation bipartite, appartenant à une catégoriede presse spécialisée.A titre général, le souci de la diffusion des acquis scientifiques del'Occident constitue une priorité pour ces revues. Aussi, une place importanteest-elle accordée à la littérature et aux arts pour confirmerl'orientation encyclopédique, sous l'impulsion des Lumières, de cettepresse périodique grecque. De l'autre côté, les choix de certains deséditeurs d'intégrer des articles sur les us et coutumes grecs ou de collaboreravec des historiens tels C. Taparrigopoulos révèlent l'impact duromantisme politique allemand sur la conception de la nation, un impactremarqué aussi dans les oeuvres de divers écrivains grecs de l'époque.Outre le contexte grec, de multiples rapports sont établis entreces revues et l'environnement français. L'apparition même des revuesgrecques à Paris est favorisée par le développement spectaculaire de lapresse française durant le XIXe siècle. Par ailleurs, la tradition françaisedu philhellénisme a dû peser sur la décision des éditeurs grecs de fairepublier leurs revues à Paris. Parmi leurs collaborateurs figurent deshellénistes français apportant le prestige nécessaire aux publicationsgrecques qui visent à conquérir un grand public et à promouvoir lesintérêts de la Grèce en Europe. Les mêmes préoccupations politiquessont partagées par les représentants diplomatiques grecs à Paris qui sontimpliqués comme collaborateurs dans certaines de ces publications.Considérée dans son ensemble, la presse périodique grecque publiéeà Paris pendant la seconde moitié du XIXe et le début du XXe sièclereflète des influences croisées, grecques et françaises, au niveau du contenuainsi qu'à celui de la forme, et constitue un exemple historiqueintéressant du contact et de l'interaction entre les deux cultures.
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